It's a Man's, Man's, Man's World
Mon Dieu
Honnêtement, Lecteur, je reviens de loin.
De la quatrième dimension, au moins. Au moins.
Effrayant, à quelques kilomètres de chez soi, effrayant de découvrir une société parallèle qui semble partager le même monde que nous. Comme si j'avais glissé dans un pli spatio-temporel.
La politesse, le rapport aux autres, les interactions, tout est tellement différent et m'a paru si rude. Je n'ai pourtant pas l'impression de vivre dans une bulle privilégiée, je veux dire par là: vivant dans une région de boulets, j'ai pour habitude de cotoyer et d'enseigner à beaucoups de publics différents. Mais là je ne pourrai pas. Impossible. Je vais faire mes trois semaines avec ma gentille classe (Dieu merci, un miracle j'ai eu la seule classe civilisée). Et puis, je partirai, très vite sans me retourner, et n'y retournerai plus jamais.
Morceaux choisis:
1. Bureau du directeur.
Une jeune fille en survêt' entre sans frapper: " 'sieur, i'm'faut un pansement pasque celui qu'j'ai lé tombé."
Le directeur interrompt l'entretien qu'il est en train d'avoir avec un couple au sujet de l'éventuelle exclusion de leur fils, met un pansement à la jeune fille puis reprend sa conversation. J'ai tout vu et entendu depuis le couloir.
2. Classe de 2P.
La dizaine d'élèves parlent comme s'ils se trouvaient dans la cours de récréation. Le professeur donne cours. Un élève se lève et commence à ôter les carrelages qui couvrent l'estrade, d'autres lui emboîtent le pas en ignorant superbement les hurlements du professeur. La cloche sonne. Ils rassemblent leurs affaires et sortent sans prêter attention au professeur, emporant avec eux l'une ou l'autre dalle du carrelage. J'étais dans le fond de la classe.
Je suis allée à M*********. Je n'en suis toujours pas remise.
"Anyway you want it
That's the way you need it"